ça-me-dit martyrs Doual’art et le carré des artistes, sont les deux espaces qui ont accueillis ce projet depuis le vendredi 07 Aout. Deux expositions, deux vernissages accompagnées de performances dans des espaces urbains, de trois artistes sur un thème historique, celui d’un hommage, d’une commémoration, de cette date du 08 Aout 1914, jour de massacres de plusieurs hommes camerounais défendant les valeurs et la liberté de leur pays le Cameroun à veille de la première guerre mondial.
Un
regard sur la peinture de grand format portant pour titre « mon livre d’histoire » de l’artiste
Justin Ebanda Ebanda, venant tout droit de Nkongsamba pour participer à ce
brillant projet, partage avec nous l’histoire de martyrs représentés. L’artiste
donne l’opportunité à chacun des personnages de prendre la parole pour raconter
l’histoire de sa vie et donc de ses différentes actions marquantes menées et
celle de sa tragique disparition, de son décès et de la raison de celle-ci. Une
œuvre qui se veut interactive faisant intervenir le spectateur en le plaçant
dans un dialogue où il raconte à son tour sa vie.
image 1: une vue de " mon livre d'histoire" |
A coté,
imposante, le mémorial des martyrs
comme un caveau, une œuvre installation multimédia, de deux parties donc une
interne et l’autre externe, de l’artiste Jean David Nkot. La partie externe
nous présente une structure de forme pentagonale, de dimension variable et
recouverte de tissu, laissant apparaitre sur trois façades des portraits photographiés,
imprimés et présentés sur bâche respectivement de Douala Manga Bell, Gosso
Nding et Martin Paul Samba.
Image 2: le mémorial des martyrs |
Image 3: vue en plongée du mémorial des martyrs |
Les deux autres façades dites « mémorial » ne sont marquées que de tissu. Une entrée, sorte de
porte ou de lien nous invite à la découverte de la partie interne de l’œuvre.
Tous, spectateurs fleurs et bougie à la main et ignorant pourquoi, nous nous
dirigeons tout de même à l’intérieur à travers une performance. Neuf colonnes sur
un sol recouvert de sable, de dimensions variables ; disposées en trois
rangées, sur lesquelles sont posées des têtes en sculpture en bois et recouvert
de sciure pour donner un aspect morbide. Chacune de ces têtes porte une ampoule
sur le crane, de couleur rouge symbolisant le sang versé, les souffrances
endurées par les martyrs. Aussi, chacune
porte des numéros, sorte de numéro de CNI du Cameroun ; une
combinaison de leur date de naissance et de décès, et un chiffre quelconque
ajouté par l’artiste. Ces différentes sculptures sont une représentation des
nombreux autres martyrs qui sont restés dans l’ombre, que l’histoire a souvent
oubliés ou négligés et qui sont rendus hommage à travers bougies et fleurs.
image 4: installation, vue interieure du mémorial des martyrs |
La
grandeur de ces différentes œuvres dans la salle d’exposition de Doual’art
s’inscrit dans un esprit pédagogique, dans le but d’interroger le spectateur et
de le laisser dans un état de soucieux à la contribution de ce projet. Elle
démontre aussi l’ouverture d’esprit de ces artistes sur les questions
d’histoire et de construction de celle-ci à la recherche de sources valides.
Dans
la même lancée, l’artiste Hervé Youmbi au carré des artistes, par la
disposition de ses œuvres, impose un sens au spectateur. Sur le mur, à
l’entrée dans un contraste de pureté et en aplat, utilisant les tons majeurs
que le noir et blanc, une question inscrite : qu’elles leçons le Cameroun a t'il tiré du sacrifice supreme des
martyrs du 08 Aout 1914 ? A la suite une série de billet de banque
à des valeurs différentes nous rappelant
les « afros » de Pascal Martine Tayou, encadré et portant chacun
pour effigie, le visage d’un martyr. Parmi ces billets de banque à la fin de la
série, un billet, ayant à la place de l’effigie une silhouette sur laquelle on
peut distinguer un point d’interrogation et ayant pour valeur 0. L’artiste
montre sa déception sur la question de sacrifice dans les valeurs de la société
aujourd’hui. Existe-il encore ou était ce l’affaire des « anciens » ?
Pour clore cette exposition, une installation de t-shirts blancs décorés de
motifs noirs conçus et réalisés par
l’artiste sorte de souvenirs de ce moment.
Image 5: "les afris " |
Une
telle fusion dans la diversité des genres et des générations autour d’un thème
en deux expositions et en deux espaces de renom différents n’aurait pu aboutir
sans le management de l’auteur de ce projet, historienne de l’art et
commissaires de ces expositions, madame Ruth Belinga. Un projet qu’elle
souhaite itinérant dans toutes les régions du Cameroun dans le but de
sensibiliser la population entière même dans les recoins.
-Ça te dit martyrs ?
-Pardon ? Martyrs ?
-Oui
-Ah ça me dit martyrs ? Euh… Douala Manga
Bell ?? Et toi ?
-Gosso
Nding, Martin Paul Samba…
On
a alors qu’à souhaiter bon vent et longue vie fructueuse à ce projet qui contribue voire engage les
artistes, promoteurs culturels, critiques dans la participation au
développement culturel et social de notre pays afin que soit écrite et connue
par tous SON HISTOIRE.
artkmermouth
je trouve assez édifiant de rendre hommage à nos héros dont les bravoures se veulent enterrées avec eux,pourtant ils devraient plutôt être elles devraient plutôt ressortir au grand jour...
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